Depuis quelques années, j’anime un atelier culinaire sur le thème des plantes et fleurs comestibles (et médicinales) en collaboration avec Pawoka*. La question que je pose systématiquement lors de ces ateliers, et que je te pose maintenant est :
Quel est l’intérêt de connaître les plantes et fleurs comestibles ?
Eh oui parce que certains se disent « pas la peine, j’ai tout ce qu’il faut au supermarché ou au marché » ou « j’ai toute une variété de fruits et légumes dans mon jardin, pas besoin de m’intéresser au reste ! ». Pourtant, malgré un large répertoire de produits locaux (je précise, locaux qui poussent ici), force est de constater que nous n’exploitons pas encore toutes nos ressources. Voici donc ma réponse à cette question.
SI LE BATEAU NE RENTRE PAS
A chaque fois que je prépare un nouvel atelier, j’entends toujours un « Sèlman ou pé mò fen !** » (**Seulement, tu ne risques pas de mourir de faim !), parce que finalement le risque peut se présenter, non ?
Sans aller à l’extrême de Koh Lanta et consort, certaines circonstances peuvent amener à rendre l’accessibilité à la nourriture plus compliquée dans notre archipel. L’épidémie de Covid-19 en a été un exemple flagrant ! Plus de marché, des supermarchés dépouillés, la peur de sortir faire des courses,... Les catastrophes naturelles (je rappelle que nous vivons dans une zone sismique et cyclonique) peuvent aussi nous isoler du reste du monde (exemple : Maria à Saint-Martin en 2017), des phénomènes politiques, économiques, environnementaux peuvent influer sur notre vie comme nous ne pouvons pas l’imaginer aujourd’hui d’où l’intérêt grandissant pour l’autonomie alimentaire et la résilience (@Résilience et autonomie, @Rezilyans_971). Je te recommande d’ailleurs une série dans cette sauce : L’effondrement.
Fin de la parenthèse. Seuls 20% des besoins alimentaires de Guadeloupe sont couverts par la culture locale*** ! C’est un chiffre tout de même impressionnant quand nombres d’arbres à pain, de manguiers et autres voient leurs fruits pourrir à leurs pieds pour des raisons diverses (goût, facilité, désintérêt, oubli,…).
Certes il faut planter plus et différemment pour réussir à nourrir toute la Guadeloupe, mais il faut également apprendre à utiliser ce qui est déjà là.
LEUR RICHESSE EN PROPRIETES
Et oui ! Tout simplement, manger des plantes et fleurs comestibles peut nous rapporter des bénéfices santé. Elles sont généralement riches en nutriments, vitamines, minéraux, antioxydants et autres molécules d’intérêt (oméga 3, pigments, …). Les brèdes, légumes feuilles comestibles (exemple : feuilles de giraumon ou patate douce), sont une des ressources alimentaires sous-estimées aux Antilles. Elles représentent surtout une opportunité d’enrichir la famille des légumes verts locaux ! Souvent ignorées, jetées ou données à manger aux cochons (ils ont bien sûr le droit d’en manger mais je doute qu’ils puissent manger toutes la quantité à disposition), d’autres parties du globe qui partagent une biodiversité similaire à la nôtre les consomment régulièrement. Sans partir trop loin, La Réunion en a fait un de ses emblèmes culinaires. Impossible de passer au marché sans retrouver des brèdes sur les étals (tu peux lire mon billet sur mon séjour à La Réunion ici).
LA VALORISATION DES RESSOURCES LOCALES
Sans parler catastrophe, (re)mettre au goût du jour nos plantes et fleurs comestibles permet de valoriser nos ressources locales. Puisque la Nature a la bonté de nous offrir ce qu’elle a de meilleur (le plus souvent 😉), pourquoi favoriser ce qui pousse à Tombouctou ? Donnons à tous nos produits locaux la place qu’ils méritent, la principale.
L'INNOVATION GUSTATIVE
Bon parce que finalement, on parle on parle, mais est-ce que c’est bon ces bêtises ? A toi de le découvrir ! Rassure-toi, il y en a pour tous les goûts. Je te propose d’ailleurs une petite sélection de recettes à base de plantes et fleurs comestibles. Alors fait un tour dans ton jardin, goûte, expérimente et savoure.
*concept de valorisation, promotion et protection des plantes médicinales de la Caraïbe (@pawoka.rimedrazye )
***Jean-Marc Blazy dans PODCAST - L'autosuffisance alimentaire : en Guadeloupe, c'est possible ?
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